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Le 193 de l'OHP

Le télescope 193 de l'Observatoire de Haute-Provence.

 

e télescope a été fabriqué par le groupe Grupp et Parsons (Grande-Bretagne) et a réalisé ses premières observations en 1958. Il était à cette époque le plus performant d'Europe. Son poids total est de 70 tonnes dont 54 tonnes pour la partie mobile. Son miroir a un diamètre de 1,93m. Il a été coulé en 1937 par les Glaceries de St Gobain en France et pèse plus d'une tonne.

Aujourd'hui il ne peut rivaliser avec des instruments de nouvelle génération. Cependant il reste dédié à la recherche d'exoplanètes. Il a rendu possible la première découverte d'une exoplanète en 1995, 51 Pegasi b, alors qu'il était équipé de l'appareil « ELODIE » désormais visible dans la pièce-musée qui lui est consacrée. Depuis il a permis la détection d'une centaine d'autres planètes extrasolaires.

L'animateur qui nous a fait la visite du 195 nous a rappelé que la qualité d'une découverte est redevable de 3 facteurs :

  • la qualité de l'environnement : l'observatoire de Haute-Provence a longtemps été réputé pour la qualité de ses conditions d'observation. Le ciel y avait la réputation d'être particulièrement favorable en raison des conditions météorologiques et de l'absence de pollutions lumineuses. Ce n'est plus vraiment le cas aujourd'hui. Il y a de nombreuses turbulences, de plus en plus d'humidité liée au réchauffement de la Méditarranée et une multiplication des sources d'éclairage artificiel en provenance des villes qui se sont développées (Aix, Marseille, Manosque) et des campagnes qui ont également multiplié l'éclairage publique.
  • La qualité de l'instrumentation : le 193 a été longtemps réputé être l'un des meilleurs télescopes de l'Observatoire ainsi que le plus performant d' Europe. Ce n'est plus le cas mais il demeure parfaitement efficace dans la recherche d'exoplanètes, ce qui est devenu son domaine de prédilection. Pour cela il doit être muni d'instruments de prises de vue performants ou de spectrographie de la meilleure qualité. Ce fut bien le cas avec « ELODIE » et désormais avec « SOPHIE ».
  • Les compétences des astronomes et personnels servant l'instrument d'observation. L'Observatoire de haute-Provence a bénéficié de personnels qualifiés de haute compétence qui ont su observer et interpréter les images produites par le 193. A ce titre, l'OHP a, parmi ses fonctions, celle d'interpréter les images de planètes envoyées par la NASA afin d'établir leur qualité d'exoplanètes. L'instrument d'observation ne fait pas tout !

 

Quand nous approchons du 193, nous avons le sentiment d'être transportés dans les temps anciens. Effectivement, sa masse compacte et son tableau de commandes, le gigantisme de sa coupole, rappellent aux plus anciens un album d'Hergé intitulé « l'étoile mystérieuse ».

 

Le pupitre peut également évoquer les productions de l'industrie des années 50, en particulier soviétique. En vérité tout se passe dans le sous-sol de la coupole. Le 193, comme tous les grands télescopes contemporains, reçoit ses ordres d'ordinateurs qui, après avoir établi les coordonnées d'un objet céleste, déclenchent le positionnement de l'instrument. On en arrive à ce paradoxe que se plaisait à souligner notre animateur, que les astronomes d'aujourd'hui n'observent plus directement le ciel à la manière des astronomes amateurs. Ils restent confinés toute la nuit dans une enceinte de béton le regard concentré sur un écran d'ordinateur.

Il n'en était pas ainsi il y a de cela cinquante ans ! De nombreuses personnes s'agitaient dans la coupole tout autant au pied de l'instrument, à l'endroit de son poste de commande, qu'à son sommet. Une passerelle de métal témoigne encore de ce travail difficile effectué pendant des heures, souvent à de très froides températures. De nos jours tout est automatisé et l'astronome connaît la solitude dans son bunker souterrain.

L'ouverture de la coupole et sa rotation sont également pilotées. Quand nous en sortons, nous pouvons admirer les 100 hectares de chênaie sur lesquels sont disposées ça et là de nombreuses coupoles d'observation. La vue est à 360 degrés.