L'usine SILMER a été fondée en 1928 et a lié son histoire à la ville de Cayeux-sur-Mer. Son activité repose sur l'exploitation et la calcination (opération par laquelle on modifie la structure d'un corps en le soumettant à une haute température) des galets propres à ce territoire local.
Mais attention! L'espace de prélèvement est très limité en termes de superficie (900m), de durée (les autorisations d'accès au territoire ou AOT sont fixées pour 5 à 15ans renouvelables); il est judicieusement choisi (une zone d'accrétion où s'accumulent naturellement les galets) et, en plus, s'avère étroitement contrôlé. SILMER est d'ailleurs la seule entreprise en France qui ait cette autorisation de prélèvement pour un process industriel. Chaque tonne prélevée est en contrepartie restituée et, là encore, pas n'importe comment, puisque les apports viennent compenser les zones dites en déficit du côté des bas-champs (des zones érodées sur le trait de côte). Les galets ainsi "importés" viennent d'une carrière terrestre (exploité par GSM au Hourdel). Il s'agit ainsi de lutter contre les risque de subverse (une vague qui irait au delà d'une digue), voire submersion marine.
Mais pourquoi le galet cayeulais ? Parce que ce galet est pur en silice à 98, voire même 99%. Une exception à l'échelle.... mondiale! Les gens l'utilisaient depuis toujours comme matériau de construction. Mais au XIXe siècle, on lui trouva un intérêt industriel: il a d'abord été utilisé comme balaste pour lester les bateaux afin d'éviter que ces derniers ne gitent (inclinaison transversale ), bref qu'ils se renversent quoi^^. C'est un prêtre local, Sanson (famille fondatrice de SILMER pour la petite histoire!) qui, au cours de l'un de ses voyages, constata que les marins l'utilisaient aussi pour délimiter les feux. Il put observer que ce dernier changeait d'aspect à son contact et multiplia les expériences... qui donnèrent naissance au 1er process industriel de la future entreprise SILMER (si on a bien compris).
D'abord cuit à même le port selon des process archaiques, le galet cayeulais a ainsi été l'objet d'une véritable épopée industrielle (les hangars sont même liés aux frères Caudron, connus pour être des pionniers de l'aviation établis entre autres à Rue et au Crotoy). L'entreprise se présente clairement comme étant une start-up à la pointe de la technologie (pour son process industriel) mais qui fonde son activité sur un produit séculaire. L'entreprise vise les marchés de niche, autrement dit les marchés d'exception. Le galet, pour SILMER, c'est le "Christian Dior du caillou"! Car il reste blanc (y compris sous sa forme aqueuse), sa dureté importante (7 sur léchelle de Mohs) et, son coefficient de forme très interessant. Il a aussi un pouvoir isolant élevé et se révèle très résistant à la plupart des acides (donc il est super stable). Transformé en poudre, en granulats par calcination à 900 ou 1600 degrès (oui oui... il faisait chaud à proximité des fours!), on l'utilise partout dans le monde dans diverses situations: activités déco; BTP (pour lutter contre les ilôts de chaleur sur les toitures ou les sols comme en Amérique du Nord)... il serait même présent sur les ailerons de l'avion présidentiel américain (Air Force One)!! Rien que cela! Au total, c'est 70% du chiffre d'affaire qui est ainsi réalisé à l'étranger.
L'entreprise opère selon une logique d'équilibre entre l'environnement, l'industrie et le social.