Une précocité pesante

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J'ai passé le test 4 fois.

Une fois en Grande Section à l'école maternelle, où j'ai été diagnostiqué HPI pour la première fois. Une autre fois en CP, puis en 4ème et une dernière fois en Seconde. Néanmoins, les seuls réels ajustements mis en place vis à vis de ce diagnostique ne m'ont été proposés qu'à la suite du dernier test. C'est à ce moment là que j'ai abandonné mon ancien lycée pour venir dans celui-ci, à cause, bien entendu, du dispositif.

Mais, quelles sont mes pensées sur ce dispositif et, à fortiori, sur le fait que je sois un Élève à Haut Potentiel (EHP) ? Et comment l'ai-je vécu ?

Et bien, j'ai eu une scolarité assez tumultueuse. Lorsque j'étais petit, j'avais de telles facilités que je n'avais besoin ni de travailler, ni d'écrire mes leçons. J'obtenais alors une moyenne générale qui environnait le 16 durant la totalité de mon collège et ai décroché mon Brevet avec mention Très Bien sans fournir le moindre effort. Cela m'a bien été reproché par mes parents qui plaçaient de grands espoirs en moi et qui n'hésitaient pas à me réprimander lorsque je ramenais à la fin de ma journée de cours un 14 ou un 15.

Je n'ai jamais eu d'ambitions. La seule chose que j'ai toujours voulu, c'est vivre en paix.

Mes camarades ne m'acceptaient pas. Justifiez-le comme vous voulez : Incompréhension, jalousie, méchanceté... je n'en ai cure. La seule chose que je sais, c'est qu'ils m'ont rejeté, moqué, pointé du doigt et qu'ils m'ont fait vivre un enfer. S'adapter ou mourir. J'ai donc changé en profondeur ma personnalité afin de devenir plus « cool » et être validé socialement.

Puis vint mon année de Seconde, décisive.

On dit que les personnes HPI sont plus facilement susceptibles de contracter troubles et addictions en tous genres. Cela n'a jamais été plus vrai pour moi. C'est en seconde que j'ai développé les principaux démons qui me tourmentent encore aujourd'hui. J'ai commencé à boire de l'alcool, à consommer du Cannabis et à prendre des drogues dures comme de la Codéïne, du Xanax etc

Cette consommation grandissante de substances va de paire avec le déclin de ma santé mentale (phobie scolaire, blocages psychologiques, dépression...). C'est à ce moment là que l'on a décidé de me faire venir dans ce dispositif avec pour fin de me faire renouer avec le travail et de me faire passer mon baccalauréat.

Mais plusieurs obstacles entravent ma réussite scolaire.

Pour moi, les notes sont des fardeaux, motifs d'angoisse, qui ne font que me prouver à quel point je suis médiocre et que je ne mérite aucunement les nombreux espoirs que l'on place en moi.

Le dispositif tente de m'aider. Grâce à lui, des aménagements sont envisagés et il m'a protégé durant les quelques altercations que j'ai eu avec le lycée.

J'aimerais conclure par ceci : Il n'y a pas de « HPI type ». Chacune des personnes que j'ai côtoyées au sein du dispositif sont uniques et abordent leur précocité de manières différentes. Pour moi, elle n'a été que fardeau. Source de problèmes, de névroses, de décalages et elle est, je crois, la principale raison de mon échec scolaire, paradoxalement. Car si il y a une leçon à retenir de mon histoire, c'est que l'intelligence est une notion variable, fragile et n'est en aucun cas un privilège.